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Le métier d’infirmier évolue : découvrez l’avis de Bernard Fadeur

En 2026, les 1300 collaborateurs du département infirmier du CHwapi seront regroupés sur un seul site. Qui dit centralisation et nouveaux bâtiments dit aussi réinvention de l’organisation. Cette évolution s’inscrit dans une réflexion globale pour remettre le soignant au chevet de ses patients et redonner aux jeunes le goût de la profession. Des enjeux cruciaux, tant pour les infirmiers que pour les bénéficiaires des soins, que nous explique le directeur du département, Bernard Fadeur.

Bernard Fadeur, quelle est votre vision du département infirmier de demain ?

« Il sera encore davantage le point de jonction dans l’approche interdisciplinaire de la prise en charge du patient ! Omniprésents à l’hôpital, les soignants sont ceux qui coordonnent le parcours de la personne (hospitalisation, one day, hospitalisation à domicile, consultations, examens médico-techniques, etc.). Bien sûr, ils remplissent déjà ce rôle central aujourd’hui mais ce sera encore plus le cas demain.

En effet, nous allons rassembler des gens qui n’ont pas travaillé ensemble auparavant et le contexte sera fondamentalement différent. Ils découvriront, bien entendu, une autre architecture mais l’essentiel est ailleurs : ils travailleront dans de nouvelles organisations. L’un de nos défis est de construire de nouveaux services. Aujourd’hui, il existe des unités de médecine et des unités de chirurgie, demain il y aura des unités médico-chirurgicales comme la neurologie. Rassembler neurologie et neurochirurgie, par exemple, c’est aussi constituer de nouvelles équipes.

A mes yeux, il est très important de tester, avant l’emménagement, ces nouvelles organisations qui permettront de gagner en efficacité. Le trajet de soins du patient, les lieux, les procédures doivent être clairs dans la tête de tous.  Il ne peut y avoir d’improvisation ».

Par conséquent, vous élaborez sans doute déjà la réorganisation de votre département…

« Certainement ! De longue date, nous préparons l’intégration des équipes.  Au bloc opératoire et aux soins intensifs, par exemple, les soignants tournent déjà dans les différentes unités. Par ailleurs, nous nous réunissons pour construire la nouvelle organisation avec les médecins, les paramédicaux et en tenant compte du point de vue du patient. Cela se fait en deux temps : au sein de chaque secteur et, ensuite, de façon plus globale afin d’intégrer l’ensemble des fonctions et de s’assurer de la cohérence de toutes les procédures ».

Cette organisation doit, certes améliorer la prise en charge du patient mais aussi le quotidien des soignants. On sait la profession infirmière en souffrance… Dans ce département infirmier de demain, que vous développez dès aujourd’hui, est-ce que le soignant aura davantage de temps pour le patient ?

« Depuis quelques années, de nouvelles fonctions d’aide logistique et d’aide infirmière administrative ont été créées à côté des infirmiers et des aides-soignants. Nous constatons une attente pour le renforcement de ces fonctions de support. D’autre part, nous réfléchissons aux glissements de tâches. Se rendre à la pharmacie, transporter un matelas défectueux, distribuer les repas sont évidemment essentiels dans la gestion quotidienne mais ne relèvent pas du métier d’infirmier. Nous voulons donc redéfinir celui-ci et développer les fonctions de support. Comme vous le dites, notre défi est de remettre l’infirmier au chevet du patient.

Nous devons également garder à l’esprit l’intérêt des évolutions technologiques pour les soignants. Par exemple, la prise de paramètres automatique peut apporter un plus sans être préjudiciable pour le contact humain ».

Les soignants souhaitent également être moins tenus par l’encodage informatique des données, très chronophage…

« Parmi les outils dont nous disposons pour récupérer du temps auprès des patients figure le nouveau Dossier Patient Informatisé. Ce DPI améliorera la mise à disposition des informations, l’outil sera moins contraignant. Le but est que l’infirmier passe moins de temps sur son ordinateur tout en gardant les infos professionnelles pertinentes et en assurant la traçabilité des soins, ce qui est fondamental ».

Qu’en est-il des ressources humaines, demain ? Le Département infirmier comptera-il plus de collaborateurs ?

« Une réflexion générale doit assurément être menée dans notre pays concernant les normes hospitalières qui sont ancestrales. Il est indispensable qu’elles soient revues au regard de l’évolution des soins infirmiers. Concernant le ratio, normalement de 8 patients par infirmier, la Belgique n’est pas le meilleur élève européen (9,7)…  Je pense néanmoins qu’il faut d’abord renforcer les fonctions de support dans les unités. En effet, engager plus d’infirmiers pour distribuer les repas, ce n’est pas le but ! Je pense que l’attente première du personnel concerne la révision d’éléments organisationnels pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions et être suffisamment nombreux.

Nos pouvoirs publics ont un rôle important à jouer : ils doivent redonner goût à une jeune génération de travailler dans les soins ».