Une clinique de l’endométriose au CHwapi
Pour structurer et optimiser la prise en charge des patientes atteintes d’endométriose, le CHwapi va ouvrir une clinique qui leur sera spécifiquement dédiée. Notre hôpital ambitionne de devenir un centre de référence dans le traitement de cette maladie caractérisée par la formation de tissu endométrial en dehors de l’utérus.
L’endométriose, maladie gynécologique bénigne mais souvent extrêmement invalidante, touche en moyenne une femme sur dix. Pour permettre à ces patientes de bénéficier d’une prise en charge thérapeutique structurée, globale, pluridisciplinaire et centralisée, le Dr Hut, directrice médicale et le Dr Wayembergh, chef du service gynécologie/obstétrique ont initié la création d’une clinique de l’endométriose. Celle-ci sera opérationnelle dès ce mois de juin. « Cela ne se résume pas à placer une étiquette sur la porte », prévient la gynécologue Céline Petit, l’un des praticiens de référence de la future structure. « Créer une clinique de l’endométriose implique, d’abord, de mettre en place des consultations ciblées et plus longues vu la complexité de la prise en charge. Ensuite, les patientes auront accès à la clinique de la douleur en étant référées », poursuit le médecin. Un radiologue spécialisé dans les IRM pelviennes – examen complémentaire permettant de détecter la maladie – sera affecté à la clinique de l’endométriose dans des plages horaires réservées. Un « plus » pour les patientes qui bénéficieront également d’un accès à des thérapies complémentaires comme l’acupuncture, l’ostéopathie et de suivis psychologique et sexologique.
Une prise en charge multidisciplinaire importante tant « l’endométriose est une pathologie aux multiples visages », selon le Dr Petit. « Certaines patientes ressentent un tel inconfort qu’il impacte leur qualité de vie, leur moral et surtout leur vie de couple et leur sexualité sur le long cours ».
« Grossesse et endométriose ne sont pas incompatibles ».
L’endométriose provoque en effet des douleurs cycliques, difficilement gérables pour certaines femmes. A savoir des maux de ventre anormalement forts durant les règles (qui ne passent pas facilement avec des antidouleurs), des souffrances lors des rapports sexuels, des pesanteurs pelviennes, des troubles du transit (douleurs en allant à selle pendant les règles) et des douleurs en urinant.
A ces situations parfois extrêmement pénibles s’ajoute la difficulté d’être enceinte. En effet, endométriose et infertilité sont souvent liées, la maladie engendrant un environnement inflammatoire néfaste pour une future grossesse. « 40 % des femmes infertiles souffrent d’endométriose », précise la gynécologue. « Ceci explique que les patientes qui en souffrent bénéficient plus rapidement d’une procréation médicalement assistée ». Céline Petit insiste toutefois sur le fait que « grossesse et endométriose ne sont pas incompatibles ».
De plus en plus détectée
Ces dernières années, des personnalités connues atteintes d’endométriose ont partagé leur vécu publiquement et ainsi permis de mettre en lumière cette maladie dont on parlait peu. « Elle était assez méconnue et par le passé, on banalisait les douleurs liées aux règles », note le Dr Petit. « A l’heure actuelle, on y est effectivement davantage confrontés. Non pas parce qu’elle est plus développée mais bien parce que les femmes sont de moins en moins sous pilule. Par conséquent, les douleurs de règles sont plus importantes ».
Ces douleurs chroniques anormalement fortes constituent d’ailleurs un des symptômes permettant aux médecins de suspecter l’endométriose, comme les souffrances durant les rapports sexuels ou encore les problèmes d’infertilité.
Zoom sur la maladie
- Qu’est-ce que l’endométriose ? Les ovaires produisent des hormones qui stimulent la transformation de la muqueuse interne de l’utérus (l’endomètre). Ce tissu endométrial s’élimine chaque mois, c’est ce que l’on appelle communément les règles. De façon pathologique, chez certaines femmes, cet endomètre se loge à l’extérieur de l’utérus. On parle alors d’endométriose. Certaines femmes en souffrent de leur adolescence jusqu’à leur ménopause.
- Comment la traiter ? « Le traitement chirurgical n’est pas du tout systématique », répond le Dr Céline Petit. « Avant tout, les antidouleurs permettent de traiter les symptômes et un traitement hormonal par une pilule classique ou un stérilet permet de mettre la patiente ne aménorrhée. Si on supprime les règles, on supprime les douleurs … ».
La forme ovarienne de la maladie (qui provoque des kystes) et l’endométriose profonde (qui est susceptible d’engendrer des adhérences urinaires ou intestinales) peuvent nécessiter une chirurgie. Enfin, un traitement par injections est possible pour mettre les ovaires au repos.
- Comment l’empêcher d’évoluer ? Seule la ménopause met fin à cette maladie hormono-dépendante. En effet, ce sont les hormones produites par les ovaires qui stimulent l’endométriose.
Témoignage
« Les douleurs étaient telles que j’étais proche du malaise »
Pour Maud, 25 ans, le calvaire a commencé voici deux ans. Soudainement. Presque sournoisement. « Du jour au lendemain, mes règles sont devenues extrêmement douloureuses. Je me suis retrouvée dans un état tel que je marchais pliée. Mon compagnon voulait m’emmener aux urgences mais je trouvais ridicule d’aller déranger les médecins pour des règles douloureuses… »
Le mois suivant, les douleurs se sont répétées, toujours aussi fortes, incitant la jeune femme à prendre rendez-vous avec sa gynécologue. « Pendant les six mois d’attente, j’ai vécu des moments extrêmement difficiles. A chaque cycle, c’était terrible. Les rapports intimes étaient très douloureux, j’avais mal en allant à selle. Par crise, je ressentais comme des coups de poignard dans le bas ventre. Les anti-douleurs classiques ne faisaient pas d’effet. Je n’avais d’autre choix que d’attendre que cela se termine… ».
Lors de l’examen gynécologique, le médecin a d’emblée suspecté l’endométriose, et son diagnostic a été confirmé par une IRM. « Des nodules s’étaient logés un peu partout sur le colon. J’ai été opérée il y a un an et ensuite, durant neuf mois, j’ai reçu des injections pour induire une préménopause », raconte la jeune infirmière. « Maintenant je suis contrainte de prendre une pilule contraceptive. Ça me fait peur mais c’est comme ça… C’est le prix à payer pour une vie normale ».
La perspective d’une grossesse l’inquiète aussi. « Mais le médecin est rassurant : la maladie a été diagnostiquée à temps et il ne devrait pas avoir de soucis même si cela risque de prendre plus de temps ».
Maud se dit qu’elle a eu « une chance inouïe ». La chance d’avoir eu affaire à un médecin qui l’a « prise au sérieux ». « Je trouve excellente l’idée de créer une clinique de l’endométriose. Cela permettra, par exemple, de passer une IRM plus rapidement. Et puis surtout, les patientes y seront comprises, soutenues, aidées. Au début des souffrances, on se dit que toutes les femmes ne sont pas bien durant leurs règles. Mais quand un médecin met un mot dessus, on comprend que ce n’est pas normal et qu’il ne faut surtout pas attendre pour réagir ».