INNOVATION : Gélifier les selles et les urines pour combattre les infections nosocomiales
Aborder la gestion des selles et des urines récoltées dans les pannes et les urinaux n’a, certes, rien de glamour. Mais le sujet constitue un enjeu majeur des établissements de santé : une gestion optimale de ces excreta est en effet indispensable pour la maîtrise des bactéries entériques.
« Manipuler, transporter et placer les pannes et les urinaux dans la machine de nettoyage – un système à l’efficacité limitée – accroît clairement le risque d’infections nosocomiales », explique Frédérique Pollart, infirmière hygiéniste. « En effet, les éclaboussures contaminent l’environnement des patients et les blouses des soignants ».
Toutes les personnes continentes qui se retrouvent, pour une raison ou autre, dans l’impossibilité de quitter leur lit d’hôpital ont recours à une panne et/ou un urinal. Une fois pleins, ces récipients doivent être pris en charge par les soignants et emmenés vers le local où se trouvent les lave-pannes. Une manipulation qui prend du temps et engendre un tas de mauvaises pratiques selon Frédérique Pollart.
Voilà pourquoi, le CHwapi sera l’un des premiers hôpitaux wallons à innover et à remplacer les lave-pannes actuels par un dispositif qui permettra de gélifier les excreta et de les jeter à la poubelle. Une fois le personnel formé, cette nouveauté sera mise en place à partir de l’été 2024, d’abord sur le site Notre-Dame puis sur le site IMC et enfin sur le site Union. Le but est donc de généraliser le dispositif dans tout notre hôpital.
Chaque patient recevra gratuitement son matériel individuel pour la durée de son séjour. À savoir une panne et/ou un urinal à recouvrir d’un sac protecteur à usage unique. Comme le précise Dylan Lievens, infirmier hygiéniste, « un tampon absorbant est intégré au sachet. Sa matière permet de gélifier quasiment instantanément les urines et les selles. Objectif : gommer les risques de renversement et d’éclaboussures et ne pas dégager d’odeurs ». Il suffit alors de nouer le sachet et de le jeter à la poubelle.
« Cela procurera plus de confort au patient dont la pudeur sera également mieux respectée puisqu’il pourra fermer son sachet lui-même », assure Frédérique Pollart avant d’annoncer que le dispositif a été testé durant deux semaines dans trois services du CHwapi. Avec succès ! « Nous avons reçu 88% de satisfaction tant des patients que des membres du personnel ». Les infirmiers hygiénistes ne voient que des avantages à cette innovation finalement très simple. Ils pointent « un avantage environnemental, car il n’y aura plus de déversement de bactéries dans l’eau et l’on économisera beaucoup d’eau ». Ils mettent également en avant un gain de temps appréciable pour les soignants et surtout un risque fortement diminué de transmission croisée d’infections.
M.B