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Chirurgie de l’obésité : le suivi, c’est la clé du succès

Face à l’obésité, maladie galopante à travers le monde, la chirurgie bariatrique est reconnue comme une alternative durable pour un nombre croissant de cas. Au CHwapi, les interventions chirurgicales sont encadrées avant l’intervention et sur le long terme par l’ÉCHO (Équipe de la CHirurgie de l’Obésité), une structure spécialisée et reconnue qui propose un suivi pluridisciplinaire. La clé du succès d’un amaigrissement durable. 

15% des Belges souffrent d’obésité. Le chiffre est d’autant plus interpellant qu’il n’est pas près de diminuer, au contraire ! « C’est un chiffre en croissance constante et pas seulement en Belgique. L’obésité est une épidémie mondiale. Aux USA, elle touche déjà une personne sur cinq ! », déclare le Dr Justine Desmet, l’un des chirurgiens du centre ÉCHO. Pour la coordinatrice médicale, qui s’est spécialisée en chirurgie de l’obésité au Québec, « être obèse, ce n’est pas juste un problème psychologique ou de discipline… L’obésité est une vraie maladie chronique », reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis 1997 et dont les causes sont multifactorielles.  

Une maladie dont les conséquences ne sont pas qu’esthétiques. « Les effets sur la santé et la vie quotidienne sont multiples », poursuit le Dr Desmet. « On évoque souvent les problèmes cardiaques et le syndrome métabolique avec le diabète, l’hypertension et l’hypercholestérolémie, mais on parle moins des cancers favorisés par l’obésité, des troubles de l’appareil locomoteur, des grossesses à risques, des problèmes de fertilité, des problèmes sexuels ou encore des conséquences psychologiques et sociales ”. 

L’état de santé de patients souffrant d’obésité de types 2 et 3 peut nécessiter le recours à une intervention chirurgicale. La chirurgie permet en effet de contrôler la maladie par deux moyens qui peuvent souvent être complémentaires : la restriction de la quantité d’aliments ingérés et la malabsorption de ceux-ci, autrement dit la diminution de l’absorption des aliments dont une partie est éliminée plus directement.  

Le centre ÉCHO pratique différentes techniques chirurgicales : la gastrectomie longitudinale de l’estomac (Sleeve gastrectomy) qui permet de réduire de 2/3 le volume de l’estomac, le Bypass gastrique (court-circuit d’une partie de l’estomac et de l’intestin) et le SASI, (gastrectomie verticale associée à une dérivation gastro-iléale). Le chirurgien propose l’une ou l’autre technique en fonction des habitudes alimentaires du patient (gros mangeur ou adepte du grignotage), de son état de santé, de son âge, du fait qu’il soit sujet au reflux gastrique ou pas, et bien sûr, en fonction des résultats des différents examens réalisés au cours du bilan préopératoire qui dure au moins trois mois. Parce qu’évidemment, l’opération se prépare !  

La chirurgie bariatrique n’est pas là pour transformer M. et Mme Tout le monde, dont le poids affole la balance, en Brad Pitt ou Jennifer Lopez…  

C’est la santé qui est en jeu. D’ailleurs elle répond de plus en plus à une nécessité vitale. « Le nombre de personnes obèses augmente et leur obésité est de plus en plus importante. Je reçois des gens très obèses avec un IMC supérieur à 50 voire à 60. Par ailleurs, les patients obèses morbides sont de plus en plus jeunes », constate le Dr Justine Desmet. « Le but de l’intervention chirurgicale est bien de retrouver, chez le patient, des risques de morbi-mortalité comparables à ceux de la population normale ». 

 

Une prise en charge pluridisciplinaire au centre ÉCHO 

Lorsqu’il s’agit d’évoquer l’après-opération, la chirurgienne Justine Desmet le dit franchement : « La chirurgie ce n’est pas de la magie, on peut reprendre du poids ! C’est souvent un problème de discipline et si nous ne le prenons pas en compte tout de suite, on se retrouve avec des récidives d’obésité importantes ». 

Pour éviter ces risques d’échec réels, le CHwapi va bien plus loin que les prescrits dans la prise en charge des patients obèses. « Au cours des trois mois (minimum) que dure le bilan préopératoire, nous rencontrons au moins trois fois les patients. Le but est d’essayer de changer leur mentalité et de maximiser les chances de réussite de l’intervention en instaurant non pas un régime, mais une nouvelle hygiène de vie. Nous les aidons à trouver un équilibre alimentaire qui leur convient incluant des petits plaisirs », explique Louis Moreau, diététicien et coordinateur paramédical du centre ÉCHO.  

Il insiste sur la nécessité de continuer le suivi sur le long terme tant les risques de reprendre les anciennes mauvaises habitudes dans les 5 à 10 ans sont réels. « Au CHwapi, nous avons peu de reprises de poids et de complications grâce à ce suivi pré et postopératoire. Il concerne l’équilibre alimentaire, les vitamines nécessaires pour éviter des carences potentiellement très graves et l’accompagnement psychologique ». En effet, après une opération, il faut apprendre à accepter son image, à surmonter les frustrations, à gérer les émotions autrement qu’avec de la nourriture, etc. 

D’où l’importance de miser sur la pluridisciplinarité pour prendre en charge les patients au fil du temps. C’est ce que fait l’ÉCHO via le travail d’une équipe composée de trois chirurgiens, deux psychologues, un diététicien, une psychiatre, deux internistes endocrinologues et deux kinés dont un spécialisé en sophrologie. Pour Louis Moreau, « c’est la clé du succès de l’amaigrissement durable après une chirurgie ». 

 

L’obésité en questions 

  1. L’obésité est définie par l’indice de masse corporelle, soit le rapport entre le poids et la taille au carré. On parle d’obésité lorsque l’index de masse corporelle est supérieur à 30. L’obésité compte trois stades :  type 1 = IMC entre 30 et 35 ; 2 = IMC entre 35 et 40 ; 3 = IMC au-delà de 40. 
  2. Pour prétendre à un remboursement de l’opération par la mutuelle, les candidats à une chirurgie bariatrique doivent répondre à des conditions : 
  • Avoir une obésité de classe 3 ou une obésité de classe 2 combinée à une comorbidité reconnue par l’INAMI (diabète traité, hypertension artérielle résistante malgré 3 médicaments hypotenseurs, syndrome d’apnée du sommeil) ; 
  • Avoir 18 ans au minimum ; 
  • Avoir suivi un régime documenté durant au moins un an. 

 

Témoignage 

Marine (-43 kg) : « Deux ans après l’opération, je veux continuer le suivi »  

« Depuis 2006, j’essayais tout ce qui était possible et imaginable en matière de régime et mon poids n’arrêtait pas de varier », confie Marine (prénom d’emprunt), 40 ans. Après sa grossesse, elle n’a plus su maîtriser la prise de poids et sa balance a affiché 110 kg. Elle a alors décidé de prendre contact avec notre hôpital pour entamer un rééquilibrage alimentaire avec son mari dont l’IMC était de 43. « Il a maigri assez vite et moi j’ai continué à grossir…alors que nous mangions la même chose ! » Le choix de la chirurgie s’est alors imposé. « En 2021, j’ai subi une sleeve gastrectomy qui s’est très bien passée et aujourd’hui je pèse 67 kg. Je n’ai eu aucun problème, juste des nausées à deux reprises parce que j’apprenais à manger différemment ».  

Près de deux ans plus tard, Marine est toujours suivie au centre ÉCHO où ses consultations avec le diététicien sont précédées d’une prise de sang. « Selon moi, c’est indispensable. Je connais beaucoup de gens qui ont arrêté rapidement leur suivi et à ce moment-là, ça ne s’est plus bien passé. Par exemple, ceux qui mangeaient par ennui ou pour compenser des émotions ont continué à le faire ». Marine a poursuivi l’accompagnement psychologique durant un an pour accepter son image. « Je ne me voyais pas dans le miroir comme je me voyais sur une photo : après une opération on ne se rend pas forcément compte que son corps change. Aujourd’hui, le suivi est terminé d’un commun accord, mais je sais que je peux reprendre contact au besoin ».  

Sur le plan alimentaire, Marine assure qu’elle n’a aucune restriction : « La seule chose que je ne tolère pas, c’est le pétillant. Mais comme je n’aime pas ça, ce n’est pas grave. Franchement, mon seul regret, c’est de ne pas avoir fait l’opération avant ».