L’informatique de demain : entrez dans l’hôpital connecté
La digitalisation de l’hôpital doit donner à nos patients les outils modernes qui faciliteront leurs interactions avec les prestataires de soins et, à nos équipes, des solutions efficientes et ergonomiques. Son enjeu est donc autant technologique qu’organisationnel. Jacques Godart, directeur du Département Informatique & Projets, nous a ouvert la porte de l’hôpital de demain où la connectivité servira l’amélioration continue, la formation, la communication, le respect de l’environnement ou encore l’excellence de la médecine.
Jacques Godart, l’évolution digitale est aujourd’hui un des défis majeurs des établissements de santé. Est-elle d’autant plus importante au CHwapi que se profile la centralisation de tous nos services dans un hôpital neuf et moderne ?
« Ce rassemblement constitue effectivement une « fenêtre de tir » pour de beaux projets. Cette dynamique est facilitée par le fait que nous avons été impliqués en amont du processus de construction du nouvel hôpital. Nous avons ainsi pu réfléchir avec les différents métiers à de nouveaux process sans être limités par énormément de contraintes, par exemple architecturales ».
Sur le plan médical, les nouvelles technologies sont-elles favorisées par un emménagement dans une nouvelle infrastructure ?
« Aujourd’hui, il n’existe quasiment plus d’équipements médicaux qui ne soient pas connectés. Nous n’attendons donc pas le Site Unique pour les développer dans notre hôpital. Nous allons néanmoins profiter de l’emménagement pour rééquiper toutes les salles d’opération avec du matériel de dernière génération qui permettra, par exemple, la capture d’images haute-fidélité et la retransmission vidéo à des fins pédagogiques.
Dans le centre de formation et de conférence, nous envisageons de créer un espace de simulation avec des mannequins connectés pour permettre au personnel de se former, notamment en profitant de la réalité augmentée ».
Le patient est au cœur de cette digitalisation. Concrètement, à quels changements doit-il s’attendre et quand ?
« En 2020, nous avons interrogés les patients sur leurs besoins prioritaires pour leur hôpital du futur et avons tenu compte de leurs réponses pour établir notre stratégie digitale 2021/2024. Certains dispositifs doivent toutefois attendre le Site Unique ou le nouveau Dossier Patient Informatisé pour être concrétisés.
Les patients ont demandé une prise rendez-vous par internet pour les consultations. Je peux déjà annoncer qu’elle sera effective en 2025.
Ils souhaitent également une solution pour les aider à gérer leur attente lorsqu’ils viennent en consultation. S’ils admettent que le médecin peut avoir une urgence, ils aimeraient être tenus informés de l’impact sur leur rendez-vous. Nous réfléchissons à la façon d’y parvenir compte tenu du fait que, dans le nouvel hôpital, les patients recevront, dès la prise de leur rendez-vous, une référence qui déterminera tout leur cheminement jusqu’à la consultation. Ce qui facilitera la mise à jour de ces informations en temps réel.
Par ailleurs, nous allons informatiser davantage la gestion des entrées et sorties du patient pour lui permettre de rentrer à l’hôpital juste avant son intervention et de ne pas devoir attendre longtemps le jour de son départ.
A tout cela, s’ajoutent le wifi autour de l’hôpital, un éclairage intelligent dans les parkings pour identifier les places disponibles, des bornes d’inscription où on a la possibilité – et non l’obligation – de s’enregistrer ou encore des équipements multimédias dans les chambres offrant aux patients du contenu adapté à leur pathologie et à leurs souhaits de divertissement ».
La digitalisation permettra aussi de faciliter le quotidien des collaborateurs du CHwapi…
« Oui, de multiples façons ! Que ce soit pour trouver une place de parking, pour tenir des réunions dans des salles équipées de nouvelles technologies, pour s’installer dans des bureaux à organisation flexible. La connexion de la nouvelle chaîne de laboratoire de biologie et des nouveaux équipements d’imagerie au reste du système d’information et aux prescriptions externes est une autre avancée. Au même titre que l’informatisation des flux de matériel opératoire encore la robotisation des stocks.
Globalement, l’implémentation de nouvelles solutions répondant aux besoins des services permet de faciliter la communication entre les intervenants, d’optimaliser la prise en charge du patient, de réduire notre empreinte écologique, etc. ».
Avec d’autres établissements de santé, nous avons répondu à un appel à projets du SPF Santé pour développer la télémédecine. Avec quels objectifs ?
« L’objectif est de soutenir la prise en charge du patient à domicile au travers de la plateforme d’échanges « Patient @ home » permettant le suivi des maladies chroniques ou le retour anticipé à domicile, les téléconsultations, les interactions avec les acteurs de première ligne (infirmiers, paramédicaux, pharmaciens, médecins généralistes, etc.). De plus en plus, les patients à domicile seront équipés d’appareils connectés de surveillance de leurs paramètres.
Le projet devra être terminé fin 2025 et sera ensuite déployé dans toutes les institutions du royaume ».
Nous avons parlé de robots, de bornes ou encore de logiciels. Est-ce digitaliser l’hôpital, c’est le déshumaniser ?
« Je ne le pense pas. La digitalisation permet justement de libérer les collaborateurs de tâches répétitives d’une autre époque afin de leur redonner du temps auprès des patients ».